Propriétés thérapeutiques de l'artémisia
Puissant antipaludéen qui était ancestralement connu à Madagascar, en Chine, l’artémisia a graduellement gagné la confiance des populations africaines car elle y était surtout exploitée pour d’autres traitements. Effectivement, l’infusion des feuilles d’artémisia annua en thé est très utilisée traditionnellement en île de la Réunion pour faciliter les règles (menstrues), booster la fertilité des femmes comme pour résoudre le dysfonctionnement érectile chez les hommes en Afrique du Sud (Erasmus et al, 2015), fluidifier le sang, élever la tension qui est basse et fortifier le corps, comme le système immunitaire.
Infusée dans du vin, l’artémisia annua fortifie aussi mais vient prévenir la fièvre et corrige la perte d’appétit. La décoction de cette plante, en usage externe, dans un bain est un bon défatiguant, aide à traiter les troubles liés au rhumatisme, à l’arthrose et la goutte (Lavergne et Véra, 1989).
L’artémisia afra est utilisée pour aider au traitement de la tuberculose (Semenya et Potgieter, 2014).
L'Artémisia Annua
Artémisia Afra
Composition et usages
Découverte en Chine depuis plus de 2000 ans, l’artémisia annua est composé d’une multitude de molécules : l’Artémisinine, une cinquantaine d’huiles essentielles dont l’Azulène (anti-inflammatoire et cicatrisant), beaucoup de zinc, de vitamines C, de flavonoïdes et de tanins. C’est une source importante en phyto-constituants actifs.
De plus, la plante est riche en polyphénols, connus pour être des substances aux propriétés anti-oxydantes puissantes, luttant ainsi contre les maladies cardio-vasculaires, contre les cancers et également contre l’ostéoporose.
«Vingt molécules y ont été identifiées, mais il y en a beaucoup d’autres et elles interfèrent les unes avec les autres.» dira le docteur Cornet-Vernet qui est l’une des meilleures spécialistes françaises de l’artémisia, dont elle étudie le potentiel depuis des années.
Cette plante médicinale possède donc de très nombreuses applications tant dans le traitement de maladies infectieuses graves que pour une utilisation quotidienne : elle est en effet répulsive, digestive, cicatrisante, antipyrétique, anticancéreuse, antifongique, anti-oxydante, anti-inflammatoire, antiparasitaire et même abortive.
De nombreuses recherches se concentrent même sur ses effets anticancéreux et antiviraux. Plusieurs propriétés lui sont reconnues: tonique, fébrifuge, antispasmodique, vermifuge et stomachique. En infusion, elle régularise le cycle des menstruations à la ménopause. On l'utilise aussi pour soigner les infections urinaires.
En médecine chinoise, on l'utilise pour faire des moxas : bâtonnets d'armoise séchée que l'on fait brûler à proximité des points des méridiens pour les chauffer. Ce principe est utilisé en moxibustion et est une alternative à l'acupuncture et l'acupression.
Préparation de l'artemisia
Différents types de préparations à base d’Artemisia afra et Annua sont utilisées par voie interne comme externe.
• L’infusion : Communément, un quart de tasse de feuilles fraîches est ajouté à une tasse d’eau bouillante et laissé infusé 10 min. Le mélange est ensuite filtré et l’infusion résultante est sucrée avec du miel. Cette préparation est prise par voie orale pour soulager la plupart des maux. L’infusion chaude est aussi utilisée comme gargarisme pour traiter les maux de gorge. L’infusion d’une double poignée de feuilles dans un litre d’eau est administrée sous forme de lavement pour les plaintes fébriles.
• La décoction : (plante bouillie pendant 10 min) est un remède contre la fièvre et peut aussi être appliquée comme lotion sur des inflammations glandulaires ou cutanées, de l’herpès, des plaies et peut être utilisée pour baigner des parties du corps (conduit auditif externe, hémorroïdes). Une infusion de feuilles ou une décoction de racines est également utilisée pour le traitement du diabète dans la province du Cap oriental d’Afrique du Sud.
• L’inhalation : Les affections respiratoires, les maux de gorge sont traités en inhalant la vapeur de feuilles bouillantes et parfois la fumée des feuilles qui se consument.
• Le cataplasme des feuilles et onguents est appliqué pour soulager des névralgies, des inflammations glandulaires et cutanées (oreillons), la teigne tondante et placé sur l’abdomen pour traiter les coliques infantiles.
• L’extraction alcoolique : Il est également possible de réduire les coliques en administrant une teinture faite de feuilles mouillées par le cognac. L’Artémisia afra contient l’acide bétulinique, α-amaryne et β-amyrine. L’acide bétulinique a des propriétés antivirales, antiplasmodiques et anti-inflammatoires. La plante contient aussi des phytosterols aux effets anti-inflammatoires notoires. Les polysaccharides sulfatés bloquent l’entrée des sporozoïtes dans les hépatocytes. Les coumarines, dont la scopolétine bien présente dans l’Artémisia afra, ont des effets sur le métabolisme et renforcent le rôle antiplasmodique d’autres molécules. Les saponines augmentent la perméabilité de la paroi intestinale à certaines molécules actives. Toutes les plantes de la famille des Artemisia sont riches en acides gras polyinsaturés qui génèrent des prostaglandines et stimulant les monocytes. Ces acides gras s’accumulent dans les tissus adipeux et ont un temps de demi-vie de plusieurs semaines dans le corps, ce qui peut expliquer leur contribution aux propriétés prophylactiques. Parmi ces acides, l’acide arachidonique, un puissant antipaludique est en quelque sorte une exclusivité des Artemisia. Les acides aminés y sont bien présents, le plus important étant l’arginine qui génère l’acide nitreux, arme redoutable par son pouvoir oxydant contre le plasmodium et d’autres parasites. Dans d’autres plantes médicales telles que l’Inule visqueuse (Inula viscosa), on a mis en évidence l’effet antipaludique des acides caffeoylquiniques et de l’acide chlorogénique. Leur concentration dans les Artemisia est 5 fois supérieure à celle de l’artémisinine.